« Je me vois énorme. »
« Je ne supporte pas mon reflet. »
« J’aimerais être quelqu’un d’autre. »
Ces pensées sont fréquentes chez les personnes souffrant de troubles du comportement alimentaire (TCA). Ce mal-être profond vis-à-vis du corps ne se limite pas à une question d’apparence : il s’agit souvent d’une relation abîmée avec soi-même, où le corps devient le symbole de la douleur, du rejet ou du besoin de contrôle.
Aujourd’hui, parlons d’un aspect central des TCA : la distorsion de l’image corporelle.
📸 Image corporelle : de quoi parle-t-on ?
L’image corporelle, c’est la manière dont on perçoit, ressent et pense son propre corps. Ce n’est pas qu’une question d’apparence : c’est une construction intérieure, influencée par notre vécu, nos émotions, notre entourage… et, aujourd’hui plus que jamais, par les réseaux sociaux, les filtres, les normes imposées par la pub ou les discours médicaux.
Chez les personnes touchées par un TCA, cette image corporelle est souvent altérée. On parle alors de distorsion de l’image corporelle. Cela signifie que le corps est perçu comme plus gros, plus « déformé » ou « inadéquat » qu’il ne l’est réellement. Cette perception peut concerner l’ensemble du corps, ou se focaliser sur certaines zones comme le ventre, les cuisses ou le visage.
🔍 Et la dysmorphophobie, c’est pareil ?
Pas tout à fait. Si la distorsion de l’image corporelle est fréquente dans les TCA, la dysmorphophobie (ou trouble dysmorphique corporel) est un trouble psychiatrique distinct. Ici, la personne est obsédée par un ou plusieurs défauts physiques perçus, souvent invisibles pour les autres. Cela peut porter sur le nez, la peau, les cheveux, etc. Elle reste convaincue que ce « défaut » est réel, au point que cela perturbe fortement sa vie sociale, affective ou professionnelle. On y observe des comportements répétitifs comme le camouflage, les comparaisons, l’évitement des miroirs…
👉 En résumé : la distorsion de l’image corporelle concerne surtout la perception globale du corps, avec une certaine variabilité, et peut évoluer favorablement avec un accompagnement. La dysmorphophobie est plus rigide et obsessionnelle, centrée sur un ou plusieurs détails spécifiques, et nécessite souvent un suivi psychiatrique spécialisé.
Il est possible que les deux coexistent. Une personne souffrant de TCA peut aussi présenter un trouble dysmorphique corporel. Mais l’important, au-delà des étiquettes, c’est la souffrance vécue au quotidien — et le fait qu’elle mérite d’être prise en compte et accompagnée.
📱 Un miroir social déformant
Difficile de parler d’image corporelle sans évoquer l’impact des réseaux sociaux. Les standards de beauté y sont souvent irréalistes, ultra-filtrés, voire retouchés. On se compare à des images idéalisées, sans savoir ce qui relève de la réalité ou du montage.
➡️ Résultat : on finit par voir son propre corps comme inacceptable. On pense qu’il faut être plus mince, plus ferme, plus lisse pour être aimé, reconnu, respecté.
À cela s’ajoutent les régimes, les discours nutritionnels culpabilisants, et des normes médicales parfois mal interprétées. Tout cela façonne l’idée qu’un corps ne vaut que s’il est mince, jeune, tonique… et docile.
💬 Se réconcilier doucement avec son image
La bonne nouvelle ? On peut travailler cette image corporelle. Ce n’est pas une histoire de “s’aimer à tout prix”, mais plutôt d’apprendre à se regarder avec plus de tolérance, de douceur et de respect.
🧑⚕️ Et on n’est pas obligé·e de faire ce chemin seul·e. Plusieurs professionnels peuvent accompagner cette démarche :
- Les diététicien·nes spécialisé·es TCA, qui aident à retrouver un rapport plus serein à l’alimentation et au corps.
- Les psychologues (notamment ceux formés aux thérapies cognitives, à l’ACT ou à la pleine conscience), qui travaillent entre autre sur l’estime de soi, les émotions, les pensées automatiques, etc…
- Les médecins généralistes ou psychiatres, qui peuvent poser un diagnostic, prescrire un traitement si besoin, et orienter vers un accompagnement adapté.
🎧 Des podcasts, des lectures, des groupes de parole, des comptes engagés sur les réseaux peuvent aussi jouer un rôle positif, à condition d’être choisis avec soin.
👉 Parce qu’aucun corps ne mérite d’être haï. Et que la liberté commence souvent là où cessent les injonctions.
Carole Chaumont, Diététicienne-Nutritionniste
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